Nos Repaires: genèse d’une production hybride

Nos Repaires ne ressemble à aucune autre production du Théâtre la Seizième! Pour vous guider dans cette expérience à géométrie variable, nous avons posé quelques questions à Esther Duquette et Anita Rochon, têtes pensantes de cette production mettant à l’oeuvre une quinzaine d’artistes locaux. Elles nous parlent de la naissance de ce projet un peu fou, du processus de création en temps de pandémie et des particularités de cette pièce aux cinq visages.

  • Comment est né le projet?

Esther : Avec la pandémie, la saison que nous avions planifiée en 20-21 ne tenait plus la route. Les projets n’étaient pas réalistes financièrement, ou tout simplement pas réalisables dans le contexte. Avec l’aide d’Anita Rochon, j’ai passé des semaines à imaginer différentes pistes de spectacles qui répondaient aux contraintes imposées par la pandémie, tout en permettant une véritable rencontre entre les artistes et le public. Au fil des semaines et de nos discussions, c’est  Nos Repaires, une collection de courtes-formes extérieures, qui s’est imposée. Le projet répondait aux impératifs du moment : il nous permettait d’engager un grand nombre d’artistes tout en offrant une expérience théâtrale excitante, authentique et sécuritaire à notre public.

  • Vous pouvez nous en dire plus sur la thématique et la forme que prendra cette production?

Anita: Le processus a commencé lorsque nous avons discuté avec les artistes de leur conception du temps pendant la période d’isolement et d’arrêt des activités théâtrales. Les expériences des artistes et concepteur·rices du projet étaient complètement différentes les unes des autres mais ce qui revenait chez tout le monde était une certaine réévaluation de ce qui est essentiel, une transformation et une célébration des petites choses simples de la vie. Nous avons poursuivi ces thèmes en création. Notre relation à l’espace et aux lieux a également évolué, et cela se retrouve au cœur de ces courtes formes et performances théâtrales, ancrées dans leur localisation.

  • Et la création durant une pandémie, ça se passe comment? Quels sont les obstacles rencontrés? Et quelles ont été les nouvelles opportunités?

Esther: Il est certain que la pandémie a apporté une surcharge de travail importante pour notre petite équipe. Nous n’avons jamais eu à faire autant de protocoles ou de budgets en si peu de temps! Cela dit, la situation nous a forcé à faire preuve d’inventivité et à nous réinventer. Nos Repaires, par exemple, est très loin de ce que nous avions prévu comme production grand public en 20-21. Mais j’aime encore mieux ce spectacle que le projet original!

Anita: La plus importante opportunité qui a émergé des conditions de travail sécuritaires dues à la COVID-19 est le fait que nous ayons été capables de créer quelque chose qui fait directement écho au moment que nous vivons. Pour moi, c’est l’un des aspects magiques du théâtre, sa capacité à représenter ce qui se passe ici et maintenant. Ces 10 artistes – 5 paires, composée chacune d’un·e interprète et d’un·e metteur·euse en scène – mettent leur créativité à l’épreuve de nouvelles formes et les spectateur·rices seront invité·es dans des lieux où il·elles ne seront sans doute jamais allé·es auparavant.

  • Qu’est-ce qui est essentiel pour vous?

Esther: En tant que directrice artistique, je trouve essentiel de soutenir les artistes pigistes, qui font face à une grande précarité professionnelle. Beaucoup d’entre eux·elles ont perdu leurs contrats pour la saison à venir, et ne savent pas très bien dans quelle mesure il·elles pourront exercer leur métier au cours des prochaines années. Nous devons les aider à traverser cette période difficile si nous voulons continuer à faire vivre le théâtre francophone en Colombie-Britannique. Nous sommes dépendants de ces artistes, et eux·elles de nous.

Lorsque la pandémie a débuté, notre milieu a été jugé non-essentiel par les autorités. C’est peut-être vrai à court terme, mais je ne crois pas que ce le soit à moyen et long termes. Comme êtres humains, nous avons besoin de nourrir notre esprit et notre âme, pas seulement notre corps. Le théâtre permet cela, en plus de nous aider à comprendre le présent et à imaginer le futur, deux exercices essentiels en cette période de profonds changements.

Anita: À chaque fois que j’embarque dans une nouvelle production avec un groupe d’artistes, nous commençons habituellement à définir une série d’objectifs et d’accords pour établir une façon de travailler et ce vers quoi nous œuvrerons ensemble. C’est un moment qui permet de déterminer comment nous aimerions que notre petit univers fonctionne. Nous devenons une mini-société avec sa gouvernance et ses valeurs propres. Chaque nouveau spectacle entraine une réinvention et une ré-imagination de ce que notre monde pourrait être. C’est l’un de mes aspects préférés de la création de spectacle et un composant essentiel poura aboutir à un processus qui fait sens. J’ai le sentiment que cela s’observe à l’échelle planétaire en ce moment. À quel monde aspirons-nous? Qu’est-ce qui est essentiel? Où et comment je me situe dans ce monde?

  • Quel est le plus gros défi de cette production?

Esther: Nous inventons un spectacle qui prend forme au fur et à mesure, en fonction des possibilités et des contraintes que nous rencontrons. Cela demande énormément de flexibilité et d’adaptabilité à tous ceux qui travaillent sur le projet, que ce soit les artistes, l’équipe de production, l’équipe de communications ou notre responsable de la billetterie. Heureusement, j’ai la chance de travailler avec des êtres passionnés et pleins de ressources, à tous les niveaux!

Anita:  Le plus gros défi de cette production est aussi la partie la plus palpitante du projet : nous sommes tou·tes amené·es à réfléchir à tous les aspects de la performance. Rien n’est considéré comme acquis. Où va s’assoir le public? Comment assurerons-nous sa sécurité? Comment nous trouvera-t-il? Que se passera-t-il? Comment recrée-t-on l’espace théâtral à l’extérieur? Que dira l’interprète? Comment ce qu’il ou elle dira sera essentiel et représentatif du moment que nous vivons, même s’il ne semble pas directement être lié à ce que nous vivons actuellement?

  • Pourquoi ne faut-il pas manquer cette création?

Esther: Je crois qu’il s’agit du spectacle parfait pour renouer avec les arts vivants en toute sécurité. Les courtes formes seront présentées en extérieur, devant de très petits publics. Les chanceux qui pourront mettre la main sur les billets vivront une expérience théâtrale vraiment unique, un moment d’une grande intimité avec les artistes et les autres spectateurs.

Anita: Si vous êtes un tant soit peu comme moi, vous avez eu votre dose de vie virtuelle. Le virtuel est devenu l’espace vers lequel je me tourne pour tellement de choses: les actualités, le divertissement et le contact avec les autres. Vous avez ici une fantastique opportunité de sortir, prendre l’air et d’assister à une performance en direct, créée juste pour vous.

 

Nos Repaires se tiendra du 23 septembre au 04 octobre 2020 dans plusieurs lieux extérieurs de Vancouver.

604.736.2616
info@seizieme.ca

226-1555, 7e Avenue Ouest
Vancouver, C.-B. V6J 1S1

Nous avons la chance de vivre, de créer et de nous rassembler sur les territoires traditionnels, ancestraux et volés des Premières Nations xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam), Sḵwx̱wú7mesh (Squamish) et səl̓ilw̓ ətaʔɬ (Tsleil-Waututh)

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